TOUR DES COMBINS _ Août 2024
Pour 5 cafistes nancéiens sous la houlette de Pierre et Jean-Christophe, c’est lors de la première semaine d’août qu'il faut chausser les godillots pour réaliser un parcours « en itinérance », le tour des Combins, en 6 étapes, et en bonus 2 journées de randonnée « en étoile » avec pour camp de base, l'hospice du Grand-Saint-Bernard. Autrement dit, en 1 semaine, ce sera dans 2 pays différents, 7 randos en Suisse, 1 rando en Italie. Deux en un, c'est la méthode de Pierre pour cette année !
De Bourg-Saint-Pierre où nous laissons les voitures, un joli sentier en balcon à la pente équilibrée nous monte à la cabane de Mille à 2475 mètres d’altitude. Nous arrivons vers 18h.
Le repas englouti, nous avons hâte de regagner nos lits mais l'infatigable Pierre nous parle déjà du lendemain et du fameux Mont Rogneux ? Il est bizarre celui-là. Il a un nom curieux, il se distingue par un balisage blanc-bleu-blanc, il est plein de roches, il dépasse les 3000 mètres de haut, pffff.
Nous, on a sommeil. On est fourbus alors dodo.
Nous nous réveillons tranquillement autour du petit déjeuner dans le réfectoire panoramique de cette cabane de Mille construite en 2014. Ça commence bien. Nous reprenons des forces tandis que Pierre et un randonneur du cru ont l'air de s'animer autour du parcours à effectuer pour se rendre à la cabane FXB Panossière.
Puis, petit débriefing de Pierre ...Ah, OK, le Mont Rogneux à 3084 m d’altitude, une rando alpine, plus technique que la rando de montagne mais pas de l’alpinisme non plus, pied sûr. Oh, oui, oui, on y va !
Heureusement que l’on a dit oui, la montée est amusante parmi toutes ces roches et au sommet le panorama est époustouflant ! Puis descente sur Pindin, à 2397 mètres. Son alpage et surtout sa buvette exposée plein sud avec ses chaises longues nous font très envie en ce début d’après-midi. Mais, devant, au loin, Pierre. Ben oui, il faut avancer dira-t-il vers le Val de Bagnes !.
En effet, il reste à passer au col des Avouillons, à 2648 mètres, pour accéder à la passerelle de Corbassière longue de 190 mètres et tendue à 70 mètres au dessus du torrent glaciaire, émotions garanties même si le danger est inexistant. Reste à gravir la pente caillouteuse jusqu’au refuge et sa terrasse toute proche du glacier. Rude journée mais idyllique. On aime !
N'hésitez pas à approfondir vos connaissances sur cette passerelle et ce refuge, vous serez surpris.
Troisième étape de ce tour des Combins. Nous allons de la cabane FXB Panossière, 2632 m, à la cabane de Chanrion du CAS, à 2462 m, par le barrage et le lac de Mauvoisin, à 1970 m et le col de Tsofeiret, à 2620 m. Après une courte mais sévère ascension au col des Otanes, à 2886 m, une belle descente nous emmène au barrage de Mauvoisin à 1976 mètres.
Pour décrire cette étape, les photos valent mieux qu'un long discours. Nous accédons au barrage par un long tunnel impressionnant, curiosité du jour. Le barrage franchit, nous cheminons par un passage taillé par endroits dans la roche le long du lac, en évitant les douches ( gratuites celles-ci) qui l’alimentent. Passés le col Tsofeiret et son lac, c’est par un sentier facile au cœur d’un superbe alpage que nous arrivons à la cabane de Chanrion.
Aujourd’hui, nous franchirons la frontière italienne par le col et la fenêtre Durand à 2800 mètres. Nous quittons le Haut Val de Bagnes pour entrer dans le Val d’Aoste. Une surprise ou une curiosité comme chaque jour nous attend, mais celle-ci, nous ne l’aurions pas imaginée. Nous allons randonner en terrain plat !
Pour commencer nous descendons par l'alpage des Thoules, son lac et l'alpage de By. Simplement bucoliques. Arrivés au ru de By, l'heure de la méditation est venue. Plusieurs kilomètres d'un large sentier en balcon tout plat ... 2145 mètres, 2100 mètres, 2146 mètres.... Quelques 7 km pour observer la vallée d’Ollomont avec précision. Une pause est bienvenue. Nous grignotons, tranquilles, et d’un coup, Pierre se lève, coup d’oeil complice à Jean-Christophe, il pointe du doigt : « nous passons là ». Fichtre. C’est un sentier minuscule et fortement pentu qui s’élève d’abord en forêt puis en plein soleil pour atteindre à 2465 mètres le refuge de Champillon.
Ah, il faut l’atteindre ce refuge, mais quelle récompense !. Très coloré, avec ses tables, ses bancs, ses chaises de toutes les couleurs, et ses 3 fauteuils suspendus faisant face à la fenêtre Durand où nous étions dans la matinée. Nous trinquons à ces 23 km, étape la plus longue de notre périple.
Alors là, nous en sommes à la cinquième journée sur six de ce tour des Combins. Nous partons du refuge italien de Champillon pour retrouver la Suisse, le col du Grand-Saint-Bernard et son célèbre hospice. Nous franchissons d'abord le col de Champillon dont l'ascension démarre sévèrement juste derrière le refuge pour atteindre 2709 mètres. Comme début de rando en douceur, on peut faire mieux ! Ensuite la pente s’inverse jusqu'à l'alpage de Ponteilles-Desot à 1809 mètres. Le tout en 5 km ! Une bonne pause est nécessaire, sur un large chemin, mi-ombre, mi-soleil, on n’est pas bien là ?
La surprise du jour ne tarde pas. Pierre et Jean-Christophe constituent deux groupes. Celui des intellectuels guidés par Pierre ; ils partiront vers l'hospice du Grand-Saint-Bernard par Saint-Oyen de façon à voir monuments, églises et musées. Celui des irréductibles marcheurs guidés par Jean-Christophe ; ils tiennent absolument à aller à l'hospice en se détournant par le col de Barrasson à 2708 mètres en évitant tout de même le sommet du Mont Paglietta.
Ainsi quelques visites et repas plus tard pour les uns, pause forcée au passage d’un troupeau de vaches et taureaux puis quelques bouquetins et marmottes dans une féroce montée plus tard pour les autres, tout le monde se retrouve à l'hospice pour un apéro bien mérité. Les échanges vont bon train, nous avons de quoi raconter !.
Ici, nous mettons le tour des Combins en pause. Ce soir, c'est quasiment la fin du tour des Combins, il ne nous restera plus que la descente, samedi matin, pour boucler la boucle. Vraiment ce tour est à inscrire sur votre « to do list », c'est certain.
Nous allons donc résider à l'hospice du Grand-Saint-Bernard pour trois nuitées. Changement de style d'hébergement, changement de style de randonnée. Au revoir l’itinérance, bonjour « l’en étoile ». La formule 2 en 1 de Pierre, vous vous souvenez ? A nous, la douche chaude à volonté et gratuite, un grand dortoir spacieux avec de ( trop ?) nombreux lits, repas en réfectoire à heure précise, lecture, méditation et prière au choix. Cette énorme bâtisse posée à 2473 mètres d’altitude sur le côté suisse du col nous imprègne de ses particularités autant que les montagnes qui l’entourent. Nous allons en découvrir certaines lors des 2 jours à venir !
Bonne nuit dans un grand dortoir d’une vingtaine de places équipé d’étagères et de penderies très utiles car nous sommes « en étoile », pyjamas, vêtements de pluie, nourriture superflue restent à l’hospice.
Cool quoi ! Sacs légers donc pour une boucle de 8,7 km, « étape de repos » dit Pierre. Le petit déjeuner se prend à 8H à l’hospice, en plus c’est grasse mat’ aujourd’hui !
Nous partons à l’assaut du Mont Fourchon. A l’approche du sommet, la pente se redresse, nos pieds et mains s’agrippent à la roche. On se concentre. Et voilà, à 2902 m d’altitude, la vue est tout simplement magnifique. Nous profitons du panorama avant de rejoindre à vue un confortable replat doté d’un bivouac tout neuf pour la pause déjeuner. Retour tranquille par un sentier vallonné et panoramique. Nous profitons du col et de son lac à la frontière entre 2 pays, si agréable par ce beau soleil estival qu’on l’imagine mal envahi par la neige et la glace !
Ce vendredi, c'est notre deuxième supplément de bonheur. Que nous ont concocté Jean-Christophe et Pierre aujourd'hui pour avoir pris soin de demander un petit déjeuner « avancé ». Quèsaquo ? C’est un petit déjeuner en autonomie : à notre disposition dans une salle dédiée une bouilloire, du ( reste de) café soluble, des thés ( plutôt des tisanes), confiture, beurre, sucre, pain. Le tout à 6H15 pour une boucle de 12 km ... curieux, mais qu'est-ce qui nous attend ?
D’abord, l’ascension de La Grande Chenalette. Un troupeau de biquettes nous attend près d’un belvédère face au Mont-Blanc puis changement de balisage, de blanc-rouge-blanc à blanc-bleu-blanc. Nous y voilà !
Le parcours devient alpin !
Des chaînes, étriers et échelles se succèdent pour atteindre son sommet à 2889 m sur la frontière séparant la Suisse de l’Italie, tandis que le roi des Alpes, ses compères et les Combins semblent à portée de main.
Vient ensuite, en longeant l’arrête rocheuse et quelques mains courantes et escaliers plus loin, la Pointe de Drône ; sa croix à 2949 mètres et un panorama incroyable à 360° nous attendent à leur tour. Trop peu de place pour s’installer aisément alors poursuite du parcours sur la ligne de crête, un cheminement rocheux, biscornu à souhait puis une raide descente parfois équipée de câbles jusqu'à la Fenêtre d'en haut à 2722 mètres. Nous venons là de tester notre équilibre, la résistance de nos membres supérieurs et les inférieurs qui n'ont qu'à faire ce qu'on leur demande car nulle fantaisie n’a sa place ici. Pauses aux sommets, furtifs mais fréquents regards pour admirer les alentours, c’est magnifique.
Depuis la Fenêtre d’en haut, il suffit maintenant de se laisser glisser vers les adorables lacs de Fenêtre mais alors, lequel choisir pour la pose de midi alors qu'il n'est pas midi et que certains ventres sont affamés malgré tout ? C'est compliqué la rando, moi j’voul’ dis !
Nous perdrons ainsi près de 300 m d’altitude pour mieux remonter au col du Bastillon à 2750 m par un sentier terminal taillé dans la roche, moins difficile qu'il n'y paraît heureusement. Une nouvelle pause même si ce n’est plus midi mais la vue dominante sur les lacs de Lé nous l’impose. Belle descente dans la combe de Drône avant de remonter au Pas des chevaux à 2740 mètres. Notre dernier sommet de la semaine, séquence émotion.
Cette fois-ci il faut vraiment clôturer le tour des Combins. Nous l’avons interrompu pendant 2 jours alors il nous reste à rejoindre les voitures à Bourg-Saint-Pierre. Nous aurions aimé partir de bonne heure en prenant un petit déjeuner avancé mais là impossible de déroger aux horaires habituels. Raphaël est intraitable, c’est non.
Conciliabule ... partir le ventre vide... horreur ! Nous serons fins prêts à 8H pour engloutir nos tartines et 8H30 top départ, la ligne d’arrivée est au parking des voitures 800 m plus bas et 11 km plus loin ! Le timing est serré, chacun a ses bonnes raisons. La route du retour, jour de circulation classé noir, hâte de retrouver nos familles, de prolonger les vacances non loin de là et ...et ...des médailles d'or sont à glaner dès ce soir !!
Las, les sacs nous semblent bien lourds lorsque plus rien ne reste dans les casiers du dortoir et pire pour ceux qui ont fait le plein de boissons apéritives !
Après un frugal pique-nique, nous nous répartissons dans les voitures après avoir remercié chaleureusement nos deux guides, Pierre et Jean-Christophe, pour ce trek ambiance haute montagne et pour avoir suffisamment de patience et de pédagogie pour nous guider sereinement sur des terrains classés très difficiles. Ils nous ont permis de progresser dans notre pratique et d’engranger le souvenir indélébile d’un effort sportif partagé dans un esprit fraternel. Une excellente équipe.
Merci Dominique d'avoir pris le temps de retransmettre ton ressentit et tes émotions par écrit. De le nous faire revivre avec une plume pleine d'humour.
Pierre.
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